Nous longeons le canal jusqu’à une dérivation du camino; une grosse route en construction nous oblige à faire un détour . Nous passons le long d’un champ avec des arrosages automatiques , ils ne sont pas synchronisés, il faut donc calculer. J’ai l’impression d’être dans Super Mario Bros . Je gère bien pour les premiers, mais le dernier arrose continuellement le chemin, nous voici donc rafraîchis , ce qui ne fait pas rigoler Philippine . Nous retrouvons le canal quelques centaines de mètres plus loin. Je croise un Australien qui me demande jusqu’où je vais. Je lui réponds que je n’en ai aucune idée . Autant sur la partie française, il fallait calculer un minimum pour avoir un hébergement, autant sur le camino francès, il y a des albergues très régulièrement . Je me sens de mieux en mieux et peux marcher des heures dans ce paysage magnifique . Moins varié que quelques étapes avant et moins vallonné, mais très beau quand même . En fait, c’est une succession de lignes droites entre chaque village. Je vois au loin un pèlerin qui remonte en sens inverse . Lorsque nous nous croisons, nous discutons un petit peu . C’est une Française partie de Lorient qui est allée jusqu’à Santiago, a fait quelques étapes en plus et revient chez elle . Elle m’explique qu’elle prend beaucoup de plaisir à reprendre le chemin en sens inverse . Nous nous souhaitons mutuellement « Buen Camino » et repartons chacun dans notre sens. Le chemin est tellement droit que vous voyez à plusieurs kilomètres les autres pèlerins devant vous. Il faut parfois près d’une heure pour rattraper quelqu’un devant vous .

Nous enchaînons les villages de Frómista, Revenga de Campos, Carrión de los Condes . Beaucoup s’arrêtent ici, c’est une grande ville par rapport aux villages traversés avant . Depuis ce matin, je m’interroge. Je sais qu’il y a une piscine à Calzadilla de la Cueza, mais cela fait 42 kilomètres en tout . Après plusieurs heures de marche , je me sens encore très bien, donc je continue et enchaîne les 17 kilomètres de lignes droites. Nous ne sommes plus beaucoup sur le chemin à cette heure . Je finis vers 18h et arrive à l’albergue Camino Real qui a donc une piscine . Cela valait le coup de marcher autant. Un monsieur nous accueille et ne sait comment nous satisfaire : il prête un chargeur à Philippine , offre la place de Philippine. Bref, il fait tout pour nous aider . Il y a moult équipements et jeux . Le chariot est couvert de poussière ainsi que nos chaussures . Lorsque je lui demande s’il y a des plaques de cuisson, il me dit qu’un Français lui a donné une astuce pour faire cuire ses pâtes au micro-ondes . J’avoue que je ne connaissais pas. Pour les amateurs : faites chauffer de l’eau dans une bouilloire, plongez vos pâtes dedans, mettez au micro-ondes 3 minutes et recommencez 2 fois en mélangeant à chaque fois . Un vrai délice . Philippine carbure aux pâtes et à la sauce tomate . J’ai même découpé des petites saucisses pour agrémenter le tout . Un vrai délice . Au moment d’aller faire la vaisselle, le monsieur me dit qu’il s’en occupe . Pendant que je suis occupé en bas à ranger le chariot, Philippine a pris l’initiative de se mettre en route seule en pyjama . Nous voici donc tranquillement allongés dans nos lits en écoutant les premiers ronflements . Après cette grosse journée, nous allons prendre notre temps demain et espérons réussir à attraper une messe .

Très bonne nuit à tous !